UN ÉLÉPHANT AU PARADIS
poèmes de Thierry Cazals
illustrations d'Ana Yael
éditions Motus, 2011
72 pages, 10 euros
C'est toujours un plaisir de retrouver la poésie de Thierry Cazals, remarqué aussi bien dans le secteur adulte que jeunesse. Ici il s'adresse aux enfants, mais en leur posant mille questions à travers les mots qu'il assemble à sa mode et à sa guise. La notion des anges reviendra souvent. Normal quand on est au paradis.
Chez Thierry Cazals, les anges ne sont pas toujours angéliques et c'est pour cela que ses poèmes séduisent autant. Ils suscitent des confrontations d'idées, marchent à contre-courant de l'usage, ouvrent d'autres possibles…
(Lucie Cauwe, Le Soir)
Bienvenue au Paradis. Parfois c'est le monde à l'envers — les larmes s'envolent — mais il y a, comme sur la Terre, des animaux, des arbres, de l'ombre et des sources qui murmurent. Il est peuplé d'anges — bien sûr — : qui ont, comme ici-bas, le visage des vagabonds « dans ta rue », ou la douceur d'un âne (cousins de ceux d'Henri James). Nous pourrions là-haut réfléchir à l'éternité, apprendre à écouter, jouet à cache-cache avec l'invisible. Voler, sculpter des montagnes ou escalader des gouttes d'eau. Au Paradis, surtout, nous pourrions effacer l'horreur, réparer les pires blessures de la guerre. Mais le Paradis n'existe que par les mots du poète et par sa liberté de le décrire comme un cirque triste.
Thierry Cazals se faufile à travers les mots, sa poésie est intense et légère. Dans les dessins d'Ana Yael, les personnages aux yeux souvent clos semblent y rêver, tels les acteurs d'un spectacle un peu nostalgique.
(Manuela Barcilon, La revue des livres pour enfants)
J'aime tout de cette poésie là... si limpide dans son expression et capable de nous faire basculer dans un ailleurs d'insondable et d'infini. (…)
Chaque poème est un petit bijou de fantaisie lucide qui nous surprend toujours par un infime rebondissement, un saut de puce dans l'absurde. Ou dans la réalité vraie, allez savoir.
(Monique Mérabet, site Babelio)
Un texte poétique grave et doux, sorte de parcours initiatique, une voix singulière pour petits et grands.
(Danielle Bertrand, Site Ricochet)
Il y a, dans l'écriture de Thierry Cazals, une alchimie particulière qui donne à ses poèmes une saveur singulière. Un style, en quelque sorte. Il manie un humour empreint de surprise, un peu décalé parfois ; il le mélange avec un respect de l'enfance qu'il n'a jamais vraiment quittée (et qu'il assume fièrement) ; il débusque des anges là où l'on ne voyait même pas une plume. En fait, il nous donne des yeux, et avec lui, "c'est si bien d'être deux à être seuls au monde". Une poésie qui fait bouger les choses.
(Alain Boudet, La Toile de l'Un)
Sous ce titre énigmatique, Thierry Cazals regroupe 34 courts poèmes en prose. Son éléphant bouscule avec grâce le magasin de porcelaine de nos certitudes. Loin de l'imagerie religieuse traditionnelle, le paradis du poète se situe où nous sommes, dans « le ruissellement du monde ». Loin des discours savants et des mots bien tricotés, les anges, de page en page, nous en livrent l'accès. Les anges ? Peut-être les clowns blancs de notre enfance. Ceux qui suscitent tant d'émotions, ténues et fortes dans l'interstice qui sépare les mots des choses : l'indicible que traque la poésie.
Il faut se laisser emporter sans réticence par les images suggérées. Leur mystère est préservé par le dessin d'Ana Yael qui choisit de tisser avec le texte des correspondances de sens. Au trait noir, sur papier gris, elle invente un espace onirique, sans haut ni bas, ni dedans ni dehors. Plumes, ballons, ailes et nuages entraînent, dans une élévation symbolique, des personnages tendres, en extension vers un ailleurs de rêve d'inspiration surréaliste. Belle rencontre de deux imaginaires.
(Notices bibliographiques)