De ma petite enfance, je garde peu de souvenirs. L'étonnement de vivre, la contemplation de la nature, les allers et retours sur le trampoline de la rêverie… Par contre, je me souviens très bien de mon premier coup de foudre littéraire. Vers l'âge de 8-10 ans, je me suis mis à dévorer les contes et légendes du monde entier. Il ne s'agissait pas seulement de me dépayser, voyager dans d'autres époques, d'autres cultures, mais aussi d'explorer le dedans des choses, les mystères de la vie, les horizons illimités de l'esprit humain…


Les contrées de l'imaginaire ne sont pas seulement des lieux de fuite, ce sont des terres d'apprentissage où l'on est conduit, pas à pas, à mieux se connaître.


Pour moi, l'existence se résume à une seule question : allons-nous passer toute notre vie coincé dans le monde plat et étriqué des apparences ? Ou au contraire, aurons-nous la curiosité de soulever le voile ?


Nous sommes tous comme Alice : invités à découvrir l'autre côté du miroir.


L'imaginaire, à mes yeux, n'a pas pour mission de nous faire oublier le monde réel ou l'enjoliver. C'est, au contraire, une façon d'explorer la réalité en dévoilant ses coulisses, ses soubassements, ses racines profondes…


L'imaginaire a toujours été pour moi une terre familière. Je m'y sens à l'aise, dans mon élément. Je me souviens des rédactions libres que nous devions rédiger en classes élémentaires. Je concoctais des récits plein de rebondissements et de situations étonnantes, et très souvent, c'était mon texte qui était choisi par les autres enfants pour être lu et recopié au tableau. Très tôt, j'ai senti que l'imaginaire serait pour moi la manière privilégiée de communiquer avec mes semblables, de partager avec eux mes interrogations profondes, mes inquiétudes et mes espérances…


La crise de civilisation que nous vivons depuis au moins 30 ans — crise économique, énergétique, écologique, géopolitique, éthique, humanitaire, etc… — a son origine non pas dans les courbes et les statistiques, mais dans notre esprit, notre inconscient où logent des forces sauvages, non apprivoisées, qui n'œuvrent pas toujours pour notre bien-être…


Écrire, pour moi, c'est avoir le courage et l'audace d'aller rencontrer ces forces, de dialoguer avec elles, de les éclairer sous un jour neuf, de les cultiver et les jardiner pour en faire éclore leur fertilité… Ce n'est pas un jeu gagné d’avance !

































QUELQUES DATES CLEFS :


1962 : naissance à Bagnols-sur-Cèze (dans le Gard), un paysage de vignes et de garrigues où a été bâtie une des premières centrales nucléaires françaises.


1980 : l’année du BAC, exposition de dessins à l’encre de Chine.


1986-1989 : journaliste aux Cahiers du Cinéma.


1990 : doctorat de sociologie à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (sujet de thèse : la littérature et le cinéma de science-fiction).


1997 : premier livre publié, Le rire des lucioles (contes et haïkus).


1999 : premier atelier d’écriture dans une école.


2000-2001 : rencontre (à Paris) avec Niji Fuyuno et Ryu Yotsuya, couple de poètes vivant à Tokyo. Un livre naîtra de nos échanges : Les Herbes m’appellent.


2003 : papa pour la première fois et publication de mon premier livre pour la jeunesse : Le petit cul tout blanc du lièvre.


2006 : deuxième enfant et publication de Mon ami Merlin.


2010 : publication d’un livre d’artiste (avec des gravures sur bois de Julia Chausson) : Au bord de la falaise.


2015 : cinquième livre pour la jeunesse publié aux éditions Motus : Demain les rêves.


2019 : déjà 20 ans d’ateliers dans les écoles et un tout nouveau livre, La bouche en papier, illustré par quatre jeunes illustratrices d’une école d’Art d’Épinal.